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Dans le sillage ( pourpre ) d’un écrivain de pays.

Avec le développement des hypermarchés et des courses en ligne, les marchés n’ont plus vraiment la côte. Ce sont pourtant de formidables espaces de vie, dans lesquels tous les sens sont en éveil.

Nos yeux s’écarquillent pour recevoir toutes les couleurs qui jaillissent des étals et nos narines frémissent au contact des saveurs qui sortent des poulets rôtis, des fruits et légumes bio et des savons à l’ancienne. En zigzaguant entre les présentoirs, on tombe sur un pull ou un jean à la marque improbable, qu’on achète persuadé d’avoir fait une bonne affaire, on essaye un bracelet en cuir confectionné par un soixante-huitard attardé et l’on rejoint, nonchalamment sa voiture en grignotant un morceau de pain au levain avec une tranche de saucisson. Parfois même les marchés recèlent des nourritures spirituelles.

C’était un samedi matin, sur le marché de Genlis. Je sortais du Colruyt d’un pas rapide, soucieux de rejoindre le bureau de poste avant la fermeture. Il était là, campé sur son fauteuil de plage, les mains posées sur les genoux, les coudes en l’air, fier comme un Artaban derrière ses trois piles de livres. Malgré moi, j’oubliais le courrier urgent à récupérer. Je me plantai devant les trois monticules, caressai le premier roman du dos de la main, soupesait le deuxième et ouvrai frénétiquement le troisième pour goûter un peu le style. Je cherchai en vain l’éditeur, il n’y en avait pas. Pourtant cette découverte ne me découragea pas. Si seuls les livres édités étaient les bons cela se saurait. Et l’on pouvait tout de même concevoir que quelques belles histoires passassent à travers les mailles du filet des détecteurs de talent. Je ne sais pourquoi, à ce moment-là, je pensai au livre de Valérie TRIERWEILER sur son séjour à l’Elysée qui avait trouvé éditeur … Ô tempora, Ô mores !

Ma décision était prise : je repartirais avec un de ces romans. Et pendant que je sortais un billet de mon portefeuille, Rémy me confectionnait une dédicace dont je ne doutais pas qu’elle serait chaleureuse et personnelle. Puisqu’il n’y avait pas la queue derrière moi, nous avions eu le temps de faire connaissance.

J’ai pris le temps de savourer ce roman pendant mes vacances et j’y ai trouvé le plaisir attendu. << Sillage pourpre>> est un polar des mers et, dans cet univers, Rémy COCHET connaît bien son affaire, en bon marin qu’il est. Comme ingrédient, il fallait un commissaire : GABIAN est un bon flic, qui a le sens de l’amitié, le goût des bonnes tables et la passion des jolies femmes. Il va tomber amoureux d’une inspectrice d’assurances qui enquête sur le vol d’un voilier. Le bateau est au cœur de l’intrigue : meurtres, trafic de cocaïne … les voleurs, qui voulaient simplement profiter de la liberté et de la plénitude qu’offre la haute mer, qui commençaient même à rêver d’une nouvelle vie, sont loin d’imaginer ce qui les attend lorsqu’ils décident de mettre le cap sur Tanger.

Rémy COCHET ne sera jamais Prix Goncourt. Jamais il ne trinquera avec Daniella LUMBRODO dans les dîners qu’elle organise avec des célébrités parisiennes. Mais il continuera à écrire de belles histoires et à apporter un peu de rêve à ses lecteurs.

Samedi prochain, je retournerai au marché de Genlis. Je repèrerai de loin sa bonne bouille derrière sa pile de bouquins. Parce qu’il se sera levé tôt, pour avoir une bonne place, Il se sera un peu assoupi sur sa chaise pliante. Je prendrai pour le héler mon plus bel accent d’éternel marseillais expatrié et en mettant mes mains en porte-voix je m’écrirai, comme on le fait sur le Vieux-Port :

<< Ho, Rémy ! Il est frais ton roman ! >>

« Sillage POURPRE » de Rémy COCHET, à commander en ligne sur www.rémy-cochet.fr

( cf. également « extraits »

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Published by belleslettres