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5 mars 2014 3 05 /03 /mars /2014 22:59

pascal-marmetBientôt, les villes qui accueillent un salon du livre attendront avec fébrilité Pascal MARMET comme autrefois les villageois guettaient le retour des conteurs des grands chemins. Lorsqu’on entame la lecture du « Roman du Café » on craint que l’auteur n’use et n’abuse du même canevas qui fit le succès de son « Roman du Parfum » couronné du prix Albayane en 2013. Le personnage de Julien serait donc l’érudit et celui de Johanna, l’ingénue ? Et leurs discussions tourneraient autour de l’histoire du café et de l’art de la torréfaction.

C’est bien le cas mais, pour autant, le lecteur n’est pas au bout de ses surprises, surtout s’il appartient à cette catégorie de l’espèce humaine qui rassemble les accros du petit noir. Celui-là se reconnaîtra dans l’amour de l’odeur et du goût de ce précieux breuvage, dans la délectation du choix et de la préparation de ce nectar.

L’amour du café est avant tout une jouissance. Et bien souvent, l’amoureux du café se couche en pensant au bon café qu’il se préparera au réveil.

C’est ensuite un stimulant intellectuel sans lequel Balzac, qui en buvait cinquante par jour, n’aurait jamais pu écrire «  La Comédie humaine. »

Le qahwa est aussi un objet religieux puisqu’utilisé au départ par les soufis pour accentuer leur concentration dans la prière, il sera ensuite interdit par l’émir Kait Bey car assimilé aux boissons alcoolisées.

Le poison noir est même au centre de la politique : l’ambassadeur de l’Empire Ottoman qui le présenta à Louis XIV ne fit pas preuve de suffisamment de déférence envers le Roi Soleil, lequel en fut vexé et n’ouvrit pas les portes de sa Cour à cette étrange décoction.

Au demeurant, rien ne pouvait arrêter la destinée du café. En 1683, la première bottega da café ouvrit à Venise sur la place San Marco et, trois ans plus tard, ouvrait à Paris le Procope qui allait accueillir les plus grands écrivains français depuis Balzac jusqu’à Jean d’Ormesson en passant par Voltaire et Rousseau.

Le roman se mêle au récit historique par l’entremise d’un jeune torréfacteur aveugle, renvoyé par son employeur - qui est aussi son grand-père- et qui ne pardonne pas à son petit-fils d’avoir poussé la porte de la boutique Nespresso des Champs-Elysées. Le jeune expert, seulement soutenu par la journaliste Johanna, va se rendre au Brésil, au cœur des plantations pour donner libre cours à sa passion et oublier la douleur d’avoir été injustement répudié par son aïeul.

Julien découvrira-t-il le secret de sa naissance ? Survivra-t-il, handicapé,  seul et sans emploi ? Reviendra-t-il du Brésil alors que Johanna l’abandonne pour une escapade amoureuse au Costa Rica ?

Seule la lecture intégrale du livre de Pascal MARMET vous apporta les réponses à ces questions et vous livrera aussi des vérités qui dérangent  et qui inquiètent à propos du commerce à grande échelle du café.

L’écrivain-pèlerin est pris à son propre piège. En se voulant conteur, il devient malgré lui écologiste, défenseur de la terre et des paysans fiers de leur labeur, et même dénonciateur des   industriels et des spéculateurs qui, si l’on y prend garde, feront disparaître le café de la planète.

Le roman du café, avec ou ans sucre, est à consommer sans modération.  

 

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